L'interview Mytho de Joe Colombo


- "Dessine-moi un mouton"
- "Non ! Design-moi un mytho !

Avec ses faux-airs de consul romain que viennent souligner collier de barbe rase et port de tête altier, le plus futuriste et fonctionnel des designers transalpins ne tarit pas d'éloges lorsque l'on évoque le cas de son galeriste attitré depuis 1972, Simon Lecoy.

Joe Colombo
"Amor di Dio, c'est à il satané Simon que yé dois ma résurrezione !"

D'autant que c'est à ce dernier que le designer maître ès plastiques moulés doit son salut, après s'être frotté à la crise pétrolière et à la montée en flèche du prix du tabac à pipe. Petit conversation à bâtons rompus sous les ors de la galerie The Woods. Accent chantant de rigueur.


ROMY TAUX : Simon par-ci, Simon par-là... à vous écouter, Simon Lecoy fait office de véritable figure tutélaire lorsque l'on vous écoute. Pourquoi un tel engouement à son égard ?

JOE COLOMBO : (Bourrant sa pipe avec entrain) Ma... Ma qué Simon réprésente pour moi la dolce vita, lé Vésuve, lé dolce & gabbana dé l'initiative, lé Gucci della ambitione et del amore per les beaux objets... Il bello ragazzo m'a vraiment redonné foi en mia maestria.

R.T : Quelle est l'origine de cet amour inconditionnel ?

J.C : Yé voudrais dire tutto d'abord qué Simon est le seul qui m'aie veramente fait confiance, à une époque où yétais prêt à casser la pipe. Simon a toujours crou qué yétais ounique, diverso dé les autres.


R.T :
Pourquoi étiez-vous déprimé, à l'époque ?

J.C : Ma la crise del pétrol di 1972 a faillit mé touer, moi qui outlilisais comme principaux matériaux la plastica (NDLR : le plastique). Et pouis lé tabac à pipe a beaucoup grimpé cette année là, yé ou tré peur dé plou pouvoir y arriver...

R.T : C'est là que Simon vous recueille, alors que, îvre, vous chancellez sous un pont romain, prêt à vous noyer dans le Tibre...

J.C : (Basculant sa tête en arrière sur le coussin haut de son fauteuil Elda)
Si, si... yétais foutu, yétais disperato. Ma qué Simon ma reconnou i m'a tutto dé suite proposé dé mettre en dépôt mi créazioni dans sa galerie. Il figlio di Dio, ma... c'était loui !



R.T : Quelques mots sur votre collaboration depuis cette fameuse "annus horribilis" ?

J.C : Ma... Simon mé donne carta bianca per tutti. Yé sais qu'il vend mon fauteuil Elda (NDLR : Joe Colombo hésita un temps à rebaptiser son fauteuil emblématique, "Lauren", pour remercier son bienfaiteur) et des lampes qué ont assis ma notoriété : KD27, KD29...

R.T : Vos projets communs futurs ?

J.C : Inventare (NDLR : inventer) una pipe en plastique rotomoulé, parceque yé souis il plou grand fan dé pipe devant l'éternel ! 

Texte : Benjamin PIETRI